À partir d’un échantillonnage du corpus de la littérature anti-conciniste, publiée entre 1615 et 1617, cet article montre comment les polémistes ont fait du libelle une fabrique de l’odieux en créant une haine publique. Concini devient le bouc-émissaire d’un ressentiment national tourné contre les étrangers. Le coup d’État royal puis le carnaval sanglant du peuple parisien contre le corps du favori honni marquent le passage d’une haine de papier à une haine brutale, d’une xénophobie politique de circonstance à une xénophobie légalisée et juridique. Louis XIII la justifie par son geste puis par les dispositions parlementaires prises contre les étrangers à la fin de la régence.