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L’Antipathie et la science politique de la xénophobie. La fabrique ambiguë de l’étranger dans le premier XVIIe siècle (1614-1660
Date Issued
2018
Abstract
Cet article s’intéresse à la fabrique de la figure de l’étranger dans la littérature polémique, de la régence de Marie de Médicis à la fin de la monarchie ministérielle. Ce demi-siècle voit l’émergence d’un (res)sentiment national polarisé à la fois autour de l’amour de la patrie et de la xénophobie. Relayée par le discours misologique des libelles contre l’étranger, la xénophobie traduit moins l’essentialisation de l’altérité honnie que l’usage de stratégies politiques opportunes, celle des princes contre le gouvernement italien de la régente puis celle des ministres contre les ennemis d’État espagnols. Au service du pouvoir royal, des théoriciens – le jésuite François Loryot, le docteur Carlos García et François La Mothe Le Vayer – vont tantôt infirmer, tantôt justifier la thèse d’une antipathie naturelle contre l’étranger, faisant de la xénophobie une véritable science politique de l’antipathie. Les vecteurs médiatiques auxquels recourent Richelieu et Mazarin durant la guerre de Trente Ans l’utilisent pour entériner leur diplomatie. Au-delà de la mythologisation de l’étranger, opposé au Français naturel, la catégorisation juridique de l’étranger justifie son exclusion de la sphère politique et publique. Défini comme un sujet naturellement porté à aimer son unique patrie, l’étranger, même naturalisé, ne saurait servir le royaume qui l’accueille malgré un espace curial beaucoup plus ouvert à l’étranger. Un décalage s’observe entre la définition politique, juridique et sociale de l’Étranger. En ce sens, par le recours à la médiatisation d’une passion d’État xénophobe, l’État du premier xviie siècle entre pleinement dans la modernité politique.
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Nov 10, 2024
Nov 10, 2024