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    Les passions haineuses dans les histoires dévotes de Jean-Pierre Camus : un théâtre didactique des corruptions humaines
    Les histoires dévotes de Jean-Pierre Camus, évêque de Belley, s'inscrivent dans la veine tragique de la « littérature saturnienne » de l'âge baroque mais s'en émancipent par leur facture dévote, mystique et morale. Elles mettent en scène la corruption généralisée de l'homme et de la cité terrestre que Camus explique en partie par le dérèglement indi-viduel des passions de l'âme auquel il consacra un traité. Invité à user et non à abuser de ses passions, le lecteur contemple leurs excès sur la scène de l'amphithéâtre sanglant qu'est le monde. Par cette méthode, la corruption des passions est guérie par un faire voir rédempteur de soi où le sujet apprend à se haïr, en haïssant le monde en lui. Invité à une action de ses passions contre la corruption du péché, le lecteur est rééduqué par une métaphysique du regard à se faire alchimiste, à métamorphoser la haine d' inimitié en une haine d'abomination. Cet apprentissage à domestiquer ses passions, au lende-main des guerres de Religion, se retrouve à la fois dans la spiritualité mystique, dans les théories de la monarchie absolue, dans les traités civils de cour et dans les traités des passions. Autant de réponses apportées aux maux de la corruption mondaine pour juguler la violence des passions humaines 1. Un jeune homme incorruptible aux vertus célestines, Cadrat 2, semblable à Loth dans la ville de Sodome, avait pour père un homme corrompu. Saint enfant, écrit Jean-Pierre Camus, Cadrat désirait faire son noviciat contre les volontés de son père débauché. Aux aspirations 1. A Clarisse Roche, mon épouse, que je remercie infiniment pour son soutien indéfectible et ses conseils. 2. Le substantif « cadrat » renvoie en typographie au carré de métal utilisé pour obtenir le blanc des alinéas afin d'ordonner la mise en page. Le carré symbolise traditionnellement la géométrisation du chaos par l'ordre. Ce prénom singulier semble donc refléter l'ordonnancement vertueux du chaos des passions paternelles par Cadrat.
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